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Préambule

Ce dossier comparatif rassemble de multiples informations permettant d’accompagner le choix et la mise en œuvre  d’une poursuite oculaire dans le cadre de la compensation de la communication ou d’un accès au numérique. Ce domaine évoluant en permanence, il fera l’objet d’actualisations. N’hésitez donc pas à le consulter régulièrement.

Nous vous encourageons également à nous faire part de vos remarques et commentaires.

Table des matières

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Comment fonctionne une poursuite oculaire ?

Poursuite oculaire, commande oculaire, oculomètre, eyetracker… tous ces termes désignent un dispositif permettant de déterminer la direction du regard. Nous allons nous concentrer dans ce dossier sur un usage très spécifique : la mesure du mouvement de l’œil pour désigner ou valider un élément d’une interface homme-machine dans le contexte de la compensation du handicap.

Avant d’évoquer les différents outils disponibles sur le marché français, nous proposons une introduction au fonctionnement des yeux et aux technologies permettant de mesurer leur déplacement. Nous détaillons ensuite tous les usages pouvant être envisagés, ainsi que les différents éléments à prendre en considération lors de la mise en place d’un tel moyen de compensation.

En deux décennies, la précision de ces dispositifs n’a cessé de s’améliorer, leur taille s’est vue considérablement réduite et leur coût, s’il demeure parfois élevé, n’est plus systématiquement une barrière au regard des nombreux usages envisageables et de l’évolution récente des droits à la compensation.

Le mouvement des yeux

À l’instar d’un appareil photographique, pour former les images, l’œil concentre la lumière comme une lentille et la projette sur une surface sensible, appelée rétine. Mais cette analogie s’arrête là. En effet, la sensibilité de la rétine n’est pas uniforme : la zone centrale, appelée fovéa, permet d’identifier les détails ; la zone périphérique, elle, est sensible à d’autres éléments, la luminosité, le mouvement, le contraste, mais elle ne permet pas une vision claire des détails.

En raison de cette hétérogénéité de la rétine, les yeux effectuent constamment des mouvements pour déplacer la fovéa sur les éléments de notre champ visuel et ce grâce à six muscles oculomoteurs qui permettent l’orientation de l’œil dans toutes les directions. Une vision nette de la cible regardée n’est possible que grâce aux mouvements des yeux.

Il existe une grande diversité de mouvements oculaires, mais nous n’allons détailler que 3 mouvements facilement identifiables avec un eyetracker :

Les saccades
Les saccades sont des mouvements oculaires rapides, précis et volontaires (par exemple, lorsque nous choisissons de regarder une cible) ou réflexes (lorsqu’un objet ou un bruit surgit soudainement).
La poursuite visuelle
La poursuite visuelle n’est déclenchée que face à une cible en mouvement continu. Elle permet d’adapter le déplacement des yeux à la vitesse de la cible. En effet, regarder une personne en mouvement, par exemple, nécessite des changements constants de la direction de regard.
Mouvements de fixation visuelle
On appelle communément “fixation visuelle”, l’immobilisation du regard. Elle est essentielle pour collecter les informations visuelles.

La technologie de suivi oculaire

Les technologies de poursuite oculaire les plus récentes s’appuient sur le principe d’Hirschberg, un strabologue autrichien de la fin du XIXème siècle, qui a confirmé que l’on pouvait déterminer l’orientation du regard en étudiant les positions relatives du reflet d’une source lumineuse sur la cornée et du centre de la pupille.

Fonctionnement d’un eyetracker fixé à un ordinateur (adapté de Birbrain, 2020 et Lucie Mazué 2022)
Fonctionnement d’un eyetracker fixé à un ordinateur (adapté de Birbrain, 2020 et Lucie Mazué, 2022)

Typiquement, un système de suivi oculaire comprend une ou plusieurs caméras, des sources lumineuses et des capacités de calcul. Des algorithmes analysent les images issues de la caméra pour déterminer la position de reflets cornéens et le centre des pupilles. Un modèle mathématique exploite ces mesures pour déterminer la direction du regard. Les paramètres du modèle mathématique sont calculés grâce aux mesures réalisées pendant la phase de calibration.

L’utilisation de la poursuite oculaire dans le cadre de la compensation du handicap

Il devient ainsi possible de contrôler un ordinateur grâce aux mouvements des yeux. La solution la plus simple consiste à faire coïncider la position du pointeur avec la direction du regard de l’utilisateur. L’utilisateur est alors en capacité d’utiliser la souris, ce qui lui donne accès à l’ensemble des fonctionnalités d’un ordinateur s’il dispose d’un clavier à l’écran.

Les usages de compensation deviennent alors très larges.

Les personnes privées de la mobilité ou d’un contrôle suffisant pour déplacer un curseur sur un outil numérique sont les principaux bénéficiaires de ce type d’outil.

La commande oculaire peut compenser un manque de précision du pointage (mouvements athétosiques ou tremblements par exemple), une amplitude de mouvements réduite (déficience musculaire) voire une incapacité totale à utiliser un dispositif “classique” de pointage. De ce fait, on préconise assez couramment des essais de poursuite oculaire pour des personnes porteuses de pathologies neuromusculaires, atteintes de sclérose latérale amyotrophie ou d’un Locked in syndrome. Mais, le domaine d’application ne saurait se restreindre à ces profils.

Couplé au logiciel adéquat, un eyetracker est très utile pour compenser une situation de handicap complexe. Dans ce contexte, la poursuite oculaire est fréquemment associée à la communication alternative et/ou améliorée (CAA).

Cependant, dans la mesure où elle permet d’accéder à l’outil informatique, le champs des usages possibles est large : accès à internet, aux réseaux sociaux, aux messageries, à la télécommunication et même au contrôle de l’environnement (comme changer les chaines de la TV, ouvrir/fermer une porte/un volet, …).

Certains logiciels sont dédiés à l’utilisation de la poursuite oculaire pour la personne en situation de handicap, d’autres sont des applications « grand public » contrôlées grâce aux mouvements des yeux.

Un autre usage possible concerne le versant évaluatif des personnes dans l’incapacité de répondre aux modèles d’évaluation normés (évaluation des capacités cognitives des personnes cérébro-lésées ou de la compréhension orale, chez des patients en état de conscience minimale ou non verbaux par exemple).

Néanmoins, pour que l’usage d’une commande oculaire soit optimal, il est impératif de respecter certaines recommandations d’utilisation.

Quelques recommandations d’utilisation

Historiquement, il était impératif de s’assurer d’un positionnement optimal afin que la personne reste immobile, sans mouvement parasite ou qu’elle ne glisse pas dans son fauteuil. Par ailleurs, la lumière ambiante, les éclairages ou les verres de lunette étaient très souvent la source de reflets parasites.

Aujourd’hui, les algorithmes de suivi de la tête et des yeux sont beaucoup plus performants, et la technologie des capteurs a évolué, permettant de réduire les perturbations.  Si des mouvements fréquents ou un éclairage intense peuvent toujours être pénalisants, l’utilisation sera possible quoique non optimale.

Positionnement du patient par rapport à l’eyetracker

Pour une première installation, nous recommandons dans la mesure du possible de solliciter l’aide d’un ergothérapeute ayant déjà utilisé une poursuite oculaire.  L’installation de l’utilisateur et le positionnement de l’eyetracker sont des facteurs-clefs dans la bonne mise en œuvre d’une commande oculaire.

L’utilisateur doit être dans une position confortable et stable. Pour disposer l’eyetracker correctement, il convient de s’adapter au positionnement de la tête du patient et de l’orientation de son regard en adaptant le support soutenant l’appareil et non l’inverse.

Illustration usage.
Crédit photo : “Smartbox Assistive Technology”

Une distance moyenne de 60 cm entre le patient et l’eyetracker (à adapter selon le modèle) est recommandée. Il est préconisé de présenter l’écran ou la tablette en format paysage. Dans tous les cas, il est impératif de bien suivre le guide de positionnement défini par le fournisseur du matériel utilisé.

Par ailleurs, il est recommandé d’utiliser des supports et des bras adaptés à ce type de dispositifs, ils permettent un positionnement personnalisé et adapté aux besoins et capacités de la personne et surtout garantissent un usage dans des conditions optimales de sécurité (certains appareils tout-en-un peuvent peser 3,2 kg).

Pour faciliter le positionnement, les applications fournies avec les différents appareils propose une « fenêtre de suivi » offrant un retour caméra, un indicateur de distance ou la visualisation des pupilles en temps réel sur l’écran.

Calibrage de l’appareil

Le calibrage de l’appareil est une étape essentielle dans l’utilisation d’un eyetracker pour pouvoir ajuster les paramètres du modèle mathématique qui donne la position précise du regard. La position de l’utilisateur et la géométrie de ses yeux vont influer sur les mesures réalisées durant cette phase cruciale et leur qualité.

Dans la majorité des cas, sur un écran uni, il est demandé au patient de fixer successivement un certain nombre de points sur l’écran. En fonction du logiciel et du constructeur, le calibrage peut être réalisé sur les deux yeux en simultané ou sur l’un des deux yeux au choix. Cette option est nécessaire pour les utilisateurs souffrant de strabisme et pour lesquels il est indispensable de choisir l’œil directeur.

Petite astuce : le logiciel de calibration de Tobii Dynavox indique après la calibration la qualité de la mesure obtenue pour chacun des points et pour chaque œil. Si vous constatez une grande différence constante sur tout l’écran, il est probable que votre utilisateur souffre d’un léger strabisme et que vous obtiendrez de bien meilleurs résultats en choisissant le meilleur des deux yeux.

La phase de calibrage est une étape essentielle pour la précision du pointage. Gardez cependant en tête que certains logiciels ne requièrent pas nécessairement une très grande précision. En effet, ils affichent des surfaces de validation suffisamment larges pour être activées même avec une précision approximative.

Pré-requis et contre-indications

Bien évidemment, l’utilisateur doit présenter des capacités visuelles suffisantes pour voir une image affichée sur un écran placé à une soixantaine de centimètres. Pour effectuer un calibrage, il doit également être en capacité de fixer un point affiché à l’écran.

Par ailleurs, plusieurs troubles visuels ou neuro-visuels peuvent pénaliser ou freiner l’utilisation de la poursuite oculaire.

Dans le cas du nystagmus (tremblement permanent de l’œil), plusieurs options sont envisageables. Selon sa fréquence et son amplitude, on peut envisager une rééducation orthoptique. Il est recommandé également de ne pas afficher le curseur et de proposer une validation par un contacteur externe et non par la durée de fixation.

Pour les personnes atteintes d’une négligence spatiale ou d’une paralysie oculomotrice, il est indispensable de positionner les éléments importants de l’interface sur les parties de l’écran perçues ou atteignables par l’utilisateur.

Pour les personnes atteintes de ptosis (manque de tonus des muscles de la paupière qui peut entraîner une fermeture partielle de l’œil), il est impératif de vérifier que cela n’impacte pas la bonne détection de la pupille. De même, lorsque l’utilisateur est alité, on constate fréquemment que l’écran est positionné trop bas par rapport à la ligne du regard : les paupières, regard vers le bas, peuvent masquer la pupille.

Le syndrome des yeux secs est lié à un dysfonctionnement des glandes lacrymales. Une altération du film lacrymal a un impact sur la présence des reflets cornéens indispensables à la mesure de la direction du regard. L’application de larmes artificielles ou d’un gel de protection de la cornée peut permettre une utilisation normale d’un eyetracker.

Enfin, notez que certains traitements de verre de lunettes peuvent altérer la détection des reflets cornéens.

Pour résumer cette première partie,  la commande et le suivi oculaire deviennent des aides techniques incontournables en ce qui concerne l’autonomie et l’accessibilité numérique des personnes en situation de handicap.

Paradoxalement, alors que l’on rencontre de plus en plus souvent des commandes oculaires dans les structures, leur mise en œuvre reste une source d’inquiétude pour bon nombre de professionnels prescripteurs. Nous allons tenter de les rassurer dans la suite de ce dossier.

Quels usages de la poursuite oculaire ?

Lors de nos différentes analyses et l’étude de notre pratiques, nous avons identifié une série d’usages de la poursuite oculaire dans le contexte de la compensation du handicap. NB : Il est bien évident que cette liste n’a pas vocation à être exhaustive. Elle n’a pas non plus de validité scientifique, il s’agit d’une observation de pratiques.

Pour chaque catégories d’usage, nous avons recensé les logiciels dits “optimisés” pour la commande oculaire.

Nous avons considéré qu’une application était optimisée lorsque l’on retrouve dans les réglages des éléments de configuration spécifiques à un usage avec une commande oculaire. Cela va d’un accès facilité au calibrage au réglage de la temporisation de la validation par fixation en passant par le contrôle de l’aspect du pointeur (animation ou suppression) ou des retours (son émis à la validation…).

Évidemment, lorsque l’utilisateur maîtrise parfaitement l’outil et le pilotage de ma souris, n’importe quel logiciel est utilisable avec une poursuite oculaire sans être optimisé au sens de la définition ci-dessus.

Évaluation

Avant même d’interagir avec un ordinateur ou une tablette, un eyetracker est un excellent moyen d’évaluer les personnes non verbales. En effet, visualiser la direction du regard permet de vérifier que l’utilisateur réagit à une stimulation visuelle, auditive ou répond à une consigne simple.

Les applications concernées

  • Gaze Viewer de Tobii Dynavox. Gaze Viewer permet d’enregistrer la mesure de la direction du regard ainsi que l’image affichée sur un écran. Les résultats peuvent être enregistrés sous la forme d’images ou de vidéos. Leur analyse permet d’évaluer les progrès réalisés. Gaze Viewer permet l’enregistrement de la stratégie du regard (tracés des saccades et représentation des fixations) sur n’importe quelle application (navigation internet, lecture, exploration d’images ou de vidéos, etc.).

Démarrer avec la poursuite oculaire et introduction à la notion de cause à effet.

Lorsque l’on met en place pour la première fois une poursuite oculaire, une période de prise en main est nécessaire pour se familiariser avec cette nouvelle modalité d’interaction avec l’outil numérique. Cet apprentissage peut se faire grâce à des activités ludiques.

La forme ludique présente l’intérêt de limiter les attentes immédiates et fonctionnelles liées à l’appareil et permet également d’éviter les situations d’échec.

Prenons exemple d’un adulte sachant lire et écrire qui présente un besoin de communication alternative avec une poursuite oculaire. Lors de la première mise en place du système, nous conseillons d’utiliser un jeu qui n’implique pas immédiatement la mise en place d’un clavier visuel avec synthèse vocale. En effet, lors d’une première utilisation, il n’est pas rare que la personne n’ait pas un calibrage optimal et son pointage peut manquer de précision. En optant pour un simple jeu de pointage, on évitera ici la frustration, voire la démotivation et la déception liées à un potentiel échec de communication.

Dans un tout autre contexte, d’éveil, de stimulation visuelle, de découverte de la notion de choix, les jeux ou activités dites de “cause à effet” (” je choisis de réaliser un geste volontaire et il se passe une réaction intéressante”) présentent un intérêt majeur et certaines applications ont été spécifiquement développées à cette fin.

Les applications concernées

(les logiciels sont classés par ordre alphabétique)

  • EyeMoT3D (Fiche Technique)  de poran.net (site japonais). Ensemble de jeux gratuits pour Windows. Ces jeux permettent de se familiariser progressivement avec le fonctionnement d’une commande oculaire.
  • GazePlay coordonné par Didier Schwab (univ. Grenoble Alpes) (Fiche Technique ). GazePlay est un panel de 12 mini jeux pour l’apprentissage chez l’enfant de la relation cause à effet et les premières explorations d’un écran à l’aide d’une commande oculaire.
  • Inclusive EyeGaze For Windows  de Inclusive Technology. Sélection de 54 activités amusantes, attrayantes et interactives divisées en trois blocs, créées spécifiquement pour enseigner l’accès par le regard dans une phase d’initiation et pour développer les capacités de prise de décision. Guide d’utilisation
  • Kinka. Une collection de 21 jeux conçus pour les eyetrackers et optimisés pour améliorer les compétences de communication.
  • Look2Learn de ThinkSmartbox. Look2Learn est conçu pour apprendre à piloter et contrôler la commande oculaire : 41  activités  destinées aux  personnes  qui  commencent  à  utiliser  la technologie de commande oculaire (ou tout autre dispositif de pointage, d’ailleurs), et spécialement conçues  pour  apprendre  de  façon  ludique  à  accéder  au  système  et  à  faire  des sélections. Les activités sont classées par objectif de travail (Éveil, Explorer, Viser, Choisir, Contrôler )
  • LookLab de ThinkSmartbox : lot de 38 activitées interatives pour se familiariser à l’usage de la poursuite oculaire. Il reprend les différentes notions à appréhender (exploratio, cause à effet, soutien de l’attention etc…)
  • Magic Eye FX de Sensory Guru. Ensemble de 10 jeux avec 5 niveaux de difficulté, conçus pour enseigner aux débutants à accéder à un ordinateur par le regard.
  • Sensory Eye FX 2 de Sensory Guru. Sensory Eye FX 2 est un logiciel d’éveil et d’apprentissage dédié aux utilisateurs de la commande oculaire, pour stimuler et développer leurs compétences visuelles à travers 5 niveaux d’activités. Documentation

Accès à l’ordinateur

La poursuite oculaire est une interface homme-machine au même titre qu’une souris, un pointeur à la tête, ou n’importe quel autre dispositif de pointage.

Lorsque la personne est correctement installée et que le calibrage s’est bien passé, le pointeur se déplace sur l’écran en suivant la direction du regard mesurée par l’eyetracker.

Dès lors, pour permettre une utilisation complète de l’ordinateur, deux fonctionnalités sont indispensables :

  • un outil de validation pour réaliser les fonctions habituellement attribuées aux boutons de la souris: clic gauche, clic droit, double-clic, glisser-déplacer, scroll…
  • un clavier visuel (c’est-à-dire affiché à l’écran) pour la saisie de texte.

Pour des raisons évidentes d’ergonomie, un retour audio (son ou synthèse vocale) et visuel (barre de progression ou curseur animé) signifie à l’utilisateur qu’il a bien sélectionné l’élément qu’il souhaite.

Les applications concernées

(les logiciels sont classés par ordre alphabétique)

  • Click2Speak (Fiche technique). Il s’agit d’un clavier à l’écran, intégrant une prédiction de mots, une synthèse vocale et de panneaux d’accès à des raccourcis-clavier ou aux fonctions de la souris.
  • Contrôle visuel de Windows (ou eye control) (Fiche technique) Les options d’ergonomie de Windows 10 ou d’accessibilité sous Windows 11 intègrent une interaction appelée « Contrôle Visuel » qui permet de piloter l’ordinateur par le regard.
  • Easy Clic de Irisbond. Ce programme permet le contrôle total de la souris. Il est spécifique à la commande oculaire Hiru et est disponible en deux versions : Beginner et Pro.
  • EyeMotMouse (Fiche technique) de poran.net (japon). Un logiciel émulant le clic simple de la souris avec une commande oculaire
  • Gaze Point de Tobii Dynavox. Gaze Point permet d’effectuer des clics simples avec les yeux. Logiciel très simple d’apprentissage.
  • Mill Mouse (Fiche technique) de Yuki Yamada, Japon. Un logiciel permettant d’accéder aux fonctions de la souris avec un pilotage oculaire. Lien vers le manuel (en anglais)
  • Optikey Mouse (Fiche technique) de Optikey. Logiciel proposant 4 variantes pouvant être utilisées indépendamment : chat, communication alphabétique / Symbol, pictographique / Mouse, contrôle de la souris / et Pro, pour un usage complet. Pour un accès simple à l’ordinateur, Optikey Mouse donne accès aux différentes fonctions de la souris.
  • Precision Gaze Mouse. C’est un logiciel combinant la vitesse du suivi du regard avec le suivi de la tête pour améliorer la précision du pointage.
  • TD Control de Tobii Dynavox. Logiciel offrant une interaction intuitive avec Windows sur les appareils I-13/I-16 et PCEye. Notez que TD Control ne doit pas être installé ni avec Gaze Point, ni avec la version classique de Tobii Gaze Interaction, ni Windows Control 2.
  • Talon C’est une application multiplateforme (notamment sur MacOS) gratuite qui offre différentes options d’accessibilité telles le contrôle vocal, la validation au claquement de langue ou le suivi du regard
  • Windows Control de Tobii Dynavox Windows Control permet de piloter un ordinateur équipé d’une poursuite oculaire Tobii Dynavox, combinée ou non à un contacteur. Il émule les fonctions de la souris et du clavier lorsque le curseur est contrôlé par les mouvements oculaires. Attention : Ce logiciel n’est pas compatible avec les dispositifs Tobii Dynavox récents : I-13, I-16 et PCEye.

Communication alternative et améliorée

Il s’agit de l’usage le plus répandu de la poursuite oculaire par les personnes en situation de handicap.

Nous pourrions longuement détailler ce qu’est la communication alternative et/ou améliorée (CAA). En simplifiant beaucoup, on a coutume de distinguer deux modalités de communication :

La communication alphabétique
L’utilisateur maîtrise la lecture et en capacité d’écrire le contenu de sa pensée afin de l’exprimer grâce à une voix de synthèse.  Il s’agit donc de lui proposer un clavier visuel équipé d’une synthèse vocale. Pour accélérer la production de phrases et ainsi faciliter la communication en face-à-face, la plupart des outils proposent également un système de prédiction de mots ainsi qu’une banque de phrases récurrentes.
La communication pictographique
Ce mode de communication s’adresse aux personnes qui ne maîtrisent pas l’écrit ou la langue. Dans ce cas, l’utilisateur sélectionne des pictogrammes qui représentent le mot, le groupe de mots ou la phrase qu’il souhaite faire prononcer.

Les applications concernées

  • TDSnap de Tobii Dynavox. Logiciel de CAA polyvalent basé sur des pictogrammes qui permet aux personnes atteintes de troubles du langage et de la parole de communiquer.
  • TDTalk de Tobii Dynavox. Une application de communication alphabétique simple, elle permet une conversation naturelle en utilisant le tactile ou le regard.
  • Optikey Symbol ( Fiche technique). Logiciel proposant 4 variantes pouvant être utilisés indépendamment : Chat, communication alphabétique / Symbol, pictographique / Mouse, contrôle de la souris / et Pro, pour un usage complet. Optikey Symbol permet de créer un ensemble de grilles de communication illustrées.
  • Optikey Chat( Fiche technique) de Optikey. Logiciel proposant 4 variantes pouvant être utilisés indépendamment : Chat, communication alphabétique / Symbol, pictographique / Mouse, contrôle de la souris / et Pro, pour un usage complet. Ici Optikey Chat donne accès à un clavier visuel parlant proposant une prédiction de mots.
  • Life Companion du Centre mutualiste de Kerpape (Fiche technique). Life Companion est un assistant numérique sur-mesure pour l’aide à la communication, l’accès à l’informatique. Très personnalisable, il peut être utilisé en logiciel d’aide à la communication grâce à sa synthèse vocale intégrée, mais aussi en accès informatique autour d’usages variés (claviers visuels, aide au déplacement de la souris, raccourcis, etc)…
  • MinSpeak de PRC-Saltillo. Minspeak est une méthode d’association d’idées et de concepts permettant d’accéder à un vocabulaire large. Certains des logiciels qui en découlent (NuVoice et Empower) sont optimisés pour les poursuites oculaires notamment sur les dispositifs Accent 1000 et 1400
  • Predictable 6 de Therapy Box. Predictable 6 est une application de communication avec synthèse vocale pour les appareils iOS, Windows et Android. Elle intègre des options liées à une utilisation tactile, au défilement, au pointage oculaire.

Contrôle de l’environnement

Si l’environnement de l’utilisateur est domotisé, il peut parfaitement le contrôler avec la poursuite oculaire via son ordinateur. Cela suppose évidemment que l’ordinateur soit équipé de l’émetteur adéquat (cellule infrarouge, émetteur radio ou autre) et qu’il utilise le protocole adhoc (Z-Wave, ZigBee…).

À notre connaissance, il n’existe pas d’application dédiées exclusivement au contrôle de l’environnement et optimisées pour la poursuite oculaire. Cette fonctionnalité est néanmoins très souvent présente dans les logiciels dits “tout-en-un”, que nous détaillerons un peu plus bas.

Les logiciels mono activité

La marque à la pomme a popularisé dans une campagne de publicité restée célèbre le slogan “Il y a une application pour ça”. Certaines personnes demeurent fidèles à cette philosophie et privilégient les logiciels dédiés à une seule activité.

Voici donc une liste de logiciels optimisés pour la commande oculaire mais dont l’usage est très spécifique. Vous constaterez que les jeux et les activités de loisir y prennent une place importante.

Les applications concernées

(les applications sont classées par ordre alphabétique)

  • Eyes First de Microsoft. Il s’agit de quatre jeux populaires, dont l’interface a été  réinventée pour une utilisation avec une commande oculaire. Ces quatre jeux ne sont disponibles que sur la version américaine du Windows Store. Petite astuce : changer temporairement le paramètre de Windows « Pays ou région » pour « États-Unis », que l’on trouve dans « Paramètres »> « Heure et langue »> « Région et langue », avant de lancer le Windows Store… Cela vous permettra d’installer ces 4 applications à partir de la page américaine du store : https://www.microsoft.com/en-Us/store/collections/eyesfirstgames/pc?rtc=1.
  • EyeGaze Games de Special Effect (Fiche technique ). Ce site rassemble plusieurs activités ludiques ne nécessitant aucune installation locale sur l’ordinateur ou la tablette puisque directement utilisables depuis un navigateur internet. Elles ont été conçues pour être extrêmement accessibles car pilotables en tactile, à la souris, avec un ou deux contacteurs ou avec une commande oculaire. Un clic automatique dont la temporisation est ajustable est également proposé. Nécessite une bonne connexion internet.
  • EyeMine (Minecraft) de Special Effect (Fiche technique). EyeMine est une version du jeu Minecraft optimisé pour la commande oculaire. Cette adaptation utilise les fonctionnalités de clavier à l’écran du logiciel libre Optikey (déjà évoqué).
  • EyePlayChords de MyBreathMyMusic. Logiciel permettant de jouer des accords à l’aide d’un dispositif de pointage. Compatible Midi, les sons peuvent être produits par un synthétiseur logiciel ou par n’importe quel périphérique compatible connecté à l’ordinateur par l’intermédiaire d’une interface Midi.
  • EyePlayCords de la fondation “MyBreath, my Music” est un logiciel permettant aux utilisateurs de souris ou équivalent (souris à la tête/commande oculaire), de jouer des accords afin d’accompagner des musiciens, choristes ou bandes sonores, en restituant des sons produits par le synthétiseur interne  de Windows, ou d’autres de meilleure qualité, en combinaison  avec d’autres logiciel musicaux ou auprès de synthétiseurs connectés à l’ordinateur par l’intermédiaire d’une interface USB Midi.
  • DuoRhythmo de Microsoft permet à n’importe qui, quelle que soit sa capacité
    physique, à créer de la musique en temps réel, en collaboration et
    à distance.
  • Flex Controller Expansion App (FCEA) de Hori. Cette application s’utilise conjointement avec un matériel spécifique, le Flex Controller. Elle permet de jouer à certains jeux sur PC ou sur Switch avec la commande oculaire.
  • TD Browse de TobiiDynavox (Fiche technique). Navigateur web conçu spécifiquement pour être utilisé avec une commande oculaire.
  • TD Phone de TobiiDynavox (Fiche technique). Logiciel destiné à envoyer des SMS et passez des appels depuis un terminal Tobii Dynavox I-Series (Tobii Dynavox I-13 et Tobii Dynavox I-16) et Tobii Dynavox Pilot

Les logiciels multi-usages

Le plus souvent, les besoins exprimés par l’utilisateur recouvrent plusieurs des usages que nous vous avons présentés. Dans ce cas, deux alternatives s’offrent à lui : soit il choisit l’application spécifique à son usage immédiat et en change au gré de ses activités, soit il opte pour une approche “tout-en-un”. En effet, les éditeurs de logiciel de CAA ont, au fil du temps, intégré à leurs applications de nombreux autres usages, les transformant progressivement  en  véritables plateformes unifiées, faciles à personnaliser et à paramétrer.

Les applications concernées

(les logiciels sont classés par ordre alphabétique)

  • AsTeRICS Grid de ARASAAC et UAS Technikum Wien (Fiche technique). Application web de communication dynamique multiplateforme, gratuite et personnalisable qui permet la sélection de pictogrammes, d’images et de signes orthographiques pour faciliter la communication et la participation de tous.
  • Communicator 5 de Tobii Dynavox. Communicator 5 est une solution de CAA complète. Sa fonction première est de convertir texte et symboles en discours prononcé par l’une des voix de synthèse intégrée. Elle offre également des fonctionnalités d’accès à Windows, de gestion des e-mails, de téléphonie et de contrôle d’environnement. Elle intègre également des applications très demandées : Facebook, Netflix, TikTok, Twitch et WhatsApp via Accessible Apps. Communicator 5 fonctionne sous Windows et est intégré aux solutions matérielles Tobii Dynavox.
  • Grid3 de ThinkSmartbox (Fiche technique). Logiciel dédié aux personnes dépourvues de la parole. Il permet la communication face-à-face via de la voix enregistrée ou de la voix de synthèse. C’est également un “générateur” d’applications : contrôle d’environnement, navigation internet, e-mails, sms, téléphonie, multimédia, contrôle de windows. Il intègre aussi des activités dynamiques pour un apprentissage interactif.
  • MindExpress 5 de Jabbla (Fiche technique). Outil de communication permettant des activités nombreuses et variées pour développer et soutenir la communication, le divertissement, l’éducation et la rééducation de la personne dont la communication verbale est déficiente. Il convient aussi bien aux enfants qu’aux adultes.

Quels sont les éléments à considérer pour la mise en place d’une poursuite oculaire ?

Ce chapitre a pour objectif de guider et d’accompagner les professionnels prescripteurs dans la rédaction d’un cahier des charges. A toutes fins utiles, nous rappelons qu’il est recommandé de mettre en place des essais comparatifs en situation écologique et ce, afin de permettre, in fine, à l’utilisateur de faire un choix éclairé et en adéquation avec ses besoins et sa demande.

Au TechLab, nous avons quelques années d’expérience dans la mise en œuvre de commandes oculaires. Au gré de nos échanges avec les professionnels et les familles, nous avons identifié les différents paramètres à prendre en considération durant la formalisation d’un cahier des charges.

La personne

Bien évidemment  , le principal intéressé est le potentiel utilisateur. Il convient donc de commencer nos investigations en nous concentrant sur la personne elle-même.

Dans un premier temps, il s’agit d’évaluer ses capacités sensorielles : son acuité visuelle doit lui permettre de voir des informations affichées sur un écran situé à une soixantaine de centimètres. Il est possible d’ajuster la taille, la luminosité ou le contraste de l’écran, mais si la personne ne perçoit pas a minima les points de calibrage, l’utilisation d’un eyetracker sera impossible. En procédant à un examen rapide de la vision, on en profitera pour évaluer la mobilité oculaire afin de détecter des possibles troubles (strabismes, paralysie…) ou la présence d’un ptosis ou d’un nystagmus.

On s’interrogera également sur ses capacités cognitives, notamment ses facultés d’apprentissage, afin de déterminer si elle est en mesure de suivre des instructions simples et de comprendre les consignes nécessaires à la mise en place d’une commande oculaire. Parfois un bilan neuro-psy peut être à envisager.

La poursuite oculaire est majoritairement préconisée pour des personnes dont les capacités motrices sont limitées. Il est parfois possible, en complément d’une sélection effectuée grâce au déplacement du regard, d’exploiter une capacité motrice résiduelle pour la validation, avec un contacteur judicieusement positionné par exemple. Il peut donc être utile de connaître les capacités motrices résiduelle de la personne.

Le besoin / la demande

Les outils numériques peuvent apporter des solutions répondant à des besoins bien souvent beaucoup plus larges que ce que l’on pense de prime abord. Besoin d’autonomie, de socialisation, de se détendre ? La mission de l’ergothérapeute est d’anticiper les usages de la personne, et de son environnement.

En effet, être à l’écoute des besoins exprimés par la personne, ses proches et son environnement est une chose, les traduire en une demande en est une autre. Une description précise et formelle des besoins et de la demande permet de s’assurer que la préconisation sera suivie à court, moyen et long terme car elle répond aux attentes et aux contraintes de la personne.

Cette démarche rigoureuse permet au professionnel de bien définir le ou les moyens de compensation et d’éviter un échec, c’est-à-dire l’abandon pur et simple des outils préconisés.

Deux exemples pour être concret :

  1. Un homme d’une cinquantaine d’années exprime le souhait d’ « utiliser Excel » et de « lire et envoyer des mails ». En échangeant avec la personne et sa famille, vous comprenez qu’il exerçait le métier de comptable, une véritable passion, et que cette activité lui manque. Derrière ces besoins, la demande qui émerge semble donc « retrouver une vie professionnelle ». Cette demande peut se traduire par d’autres besoins, du type « communication avec les collègues », « passer des appels téléphoniques », etc…
  2. Cette jeune femme d’une vingtaine d’années souhaite « jouer en réseau ».  En échangeant avec la personne et sa famille, vous comprenez qu’elle souffre beaucoup de sa solitude et qu’elle est en quête de lien social. La demande émergente semble être « accéder à une vie sociale ». La mission de l’ergothérapeute pourra, dans ce cas, aller bien au delà de la mise en place de solutions numériques.

Les habitudes

Les réactions face à la technologie sont multiples, et peuvent se traduire par de l’indifférence, de l’enthousiasme (parfois naïf) mais bien souvent de la méfiance ou de la peur. Il est important d’être attentif à la sensibilité de la personne et sa famille par rapport à la technologie en général, et au numérique en particulier.

Par exemple, si la personne n’a jamais utilisé d’outils numériques et est réticente, voire réfractaire, au numérique, il y a fort à parier que l’irruption soudaine d’une commande oculaire dans son quotidien aboutira à un échec.  Dans ce cas, une préconisation réussie pourra passer par la mise en place d’un outil de type papier, ou ardoise, quitte à envisager une mise en œuvre très progressive d’un outil plus technologique.

Certes, les foyers français sont globalement bien équipés en outils numériques. Néanmoins, mettre en place un outil de compensation par le numérique nécessite de considérer les habitudes de la personne :

  • La personne présente t-elle une appétence pour le numérique ? Dispose-t-elle des compétences minimales requises pour utiliser un ordinateur ? Pour mémoire, le taux d’illectronisme en France est estimé à près de 15 %. On pourra proposer un outil simplifié ou au contraire rester sur un univers connu de l’utilisateur.
  • Est-elle familière de l’utilisation de Windows, d’un Mac, d’une tablette Android ou même d’un iPad ?
  • Comment utilise-t-elle actuellement certains outils numériques ? Privilégie-t-elle un accès tactile, une souris, une manette de jeux ?
  • A-t-elle une idée précise des logiciels qu’elle souhaite absolument utiliser ? Des logiciels professionnels, des jeux…? Dans ce cas, il faudra impérativement vérifier la compatibilité du système qui supporte l’appareil de poursuite oculaire.

L’environnement humain

Même si la personne est le destinataire de l’outil préconisé et le principal utilisateur, il est indispensable de considérer l’impact que la mise en œuvre de ce genre d’outil aura sur la famille, les proches, les professionnels.

Prenons un exemple : la voix de synthèse choisie sera désormais la voix de l’utilisateur. Le conjoint, les enfants ou les proches intimes de l’utilisateur pourront être émotionnellement impactés par cette réalité, pensez à être à l’écoute de leur réaction.

D’autres part, ce sont les proches, les aidants, ou les professionnels qui interviennent auprès de la personne qui seront très probablement en charge de la mise en place quotidienne de l’appareil (déplacement, positionnement, calibrage…) et de son entretien (recharge, mise à jour, nettoyage…).
Leur charge de travail sera nécessairement impactée par l’arrivée d’un tel outil.

Par ailleurs, les aidants devront être formés pour positionner l’appareil sur le fauteuil, sur le lit, au bureau… Une installation confortable et correcte est primordiale pour la bonne utilisation de l’appareil.

Le lieu de vie de l’utilisateur est également une donnée dont il faut tenir compte : par exemple, si la personne est en structure, il peut être judicieux d’opter pour un appareil “tout-en-un” et un pied de fixation sur roulettes particulièrement facile à mettre en place.

Interroger et impliquer les aidants dans l’élaboration du cahier des charges est très important, ainsi vous intégrerez leurs éventuelles inquiétudes, propositions ou demandes.

Les lieux d’utilisation

Il est également important de lister l’ensemble des contextes d’utilisation : au travail, à la maison, à l’école, en structure, dans un lieu public… Les contextes pourront changer en fonction de l’emploi du temps de la personne. On considérera, de ce fait, les contraintes liées aux transferts, au transport, à la multiplicité et la diversité des aidants, etc…

Il faut alors être attentif à :

La fixation de l’appareil
Par exemple, si l’utilisation est envisagée à la fois au lit et au fauteuil roulant, il est conseillé de choisir un appareil équipé d’une platine amovible et de disposer de deux stations d’accueil fixée de manière pérenne au lit et au fauteuil. Ainsi, on déplacera aisément le dispositif.
Le positionnement
L’appareil doit être placé en face l’utilisateur de manière précise pour éviter de multiplier les calibrages. Le support sur lequel est fixé l’appareil doit donc être solide, résistant et permettre une reproduction à l’identique de l’installation efficace. Autre élément, il arrive que la santé de certains utilisateurs requiert une intervention rapide de l’aidant (fausse route ou trachéo…). Il faut prévoir un moyen d’enlever rapidement et de manière sécurisée l’appareil pour libérer les abords. Cela confirme la nécessité de tester ce genre d’appareil en situation réelle et d’impliquer les soignants !
La mobilité
Si la personne envisage de fixer son appareil et de l’utiliser au fauteuil, il faut s’assurer que la batterie sera suffisante et que le système ne gênera pas la visibilité pour la manipulation du fauteuil (un écran de 16 pouces placé à 70 cm oblitère une partie non négligeable du champ visuel). Enfin, on sera vigilant quant aux modalités de mise en pause de la poursuite oculaire et du manipulateur du fauteuil roulant. En effet, lorsque la personne pilote sans fauteuil, elle ne peut pas utiliser la poursuite oculaire et inversement.
L’utilisation en extérieur
Si une utilisation en plein air est prévue, il faut s’assurer que le contraste et la luminosité de l’écran sont suffisants pour que l’écran soit lisible malgré la lumière extérieure. L’appareil doit également être étanche pour résister à de potentielles intempéries : pluie, poussière, etc.

L’autonomie dans l’utilisation

Pour réduire la fréquence et la durée des interventions de professionnels des adaptations, il est opportun d’identifier rapidement un référent ayant quelques facilités avec le numérique. L’utilisateur peut parfaitement être lui-même cette personne de référence, s’il en a les compétences. Sinon, un aidant de proximité peut tenir ce rôle et ainsi intervenir dès qu’un problème survient.

De manière quasi systématique, le devis de financement d’une commande oculaire comprend une formation à l’utilisation de l’appareil, sa calibration ainsi que l’utilisation du logiciel à destination de l’utilisateur, de sa famille et éventuellement des professionnels. Il est très important de mobiliser largement les parties-prenantes au moment de l’organisation de cette formation. Notez qu’en fonction du contexte, il faut s’interroger sur l’intérêt de cette formation, notamment dans le cas d’un remplacement ou d’un renouvellement…

Les éléments techniques

Différentes contraintes techniques doivent également s’ajouter au cahier des charges :

La compatibilité avec certains logiciels
Si la personne souhaite utiliser un logiciel précis, cela doit impérativement être spécifié dans le cahier des charges. Pour garantir la compatibilité du système, il sera la plupart du temps nécessaire de faire le test réel.
La compatibilité matérielle
Il peut arriver que des périphériques complémentaires soient utiles ou nécessaires (contacteurs, autre dispositif de pointage). Dans ce cas, il faut être attentif aux possibilités de branchements. Par exemple, un contacteur pourra être branché très facilement sur un système “tout-en-un”, car ces derniers disposent en général nativement des entrées adaptées. Ce peut être plus complexe sur une tablette Windows qui ne dispose parfois que d’un seul port USB. Attention, sur la plupart des tablettes (Android, iPad), le seul port disponible sert à la fois de source d’alimentation ou de recharge et de port d’entrée.
Poids et dimensions
La taille et le poids du système rentrent en considération au moment de choisir le support de fixation. Les tierces personnes qui seront amenées à déplacer ou manipuler l’appareil doivent impérativement être consultées.
La précision du pointage
Les eyetrackers ont beau tous utiliser le même principe de mesure, les algorithmes sont spécifiques à chaque modèle. Nous constatons régulièrement de grande variabilité d’une personne à l’autre dans la précision du pointage obtenue et ressentie. Nous insistons à nouveau sur la nécessité de réaliser des essais comparatifs en situation écologique pour s’assurer de la fiabilité du pointage.

Quelles sont les différentes poursuites oculaires disponibles en France ?

D’expérience, avec les poursuites oculaires, il est difficile de préjuger de la performance et du ressenti de l’utilisateur. Rien ne vaut un essai dans les différentes situations écologiques de la personne. Par ailleurs, cet essai doit durer quelques jours au minimum, car les conditions de lumière, de fatigue et d’habituation entrent considérablement en jeu dans l’appréciation générale du système.

Nous avons répertorié ici les différents systèmes de poursuite oculaire disponibles en France en août 2023.

 

Sur la base du cahier des charges que vous aurez soigneusement élaboré en suivant nos recommandations, vous cherchez maintenant la commande oculaire qui correspond le mieux. Nous avons choisi de présenter les différents modèles selon trois catégories.

Les systèmes “tout-en-un”

Un système “tout-en-un” est un outil dédié à la compensation du handicap. Il est constitué d’un ordinateur, d’un système de poursuite oculaire d’un logiciel “tout-en-un”, d’enceintes de bonne qualité, d’entrées nécessaires au branchement de contacteurs ou d’autres périphériques et la plupart du temps d’une cellule de contrôle de l’environnement. L’ensemble est protégé par une coque étanche et solide. La plupart intègrent également un lecteur de carte SIM ainsi qu’un second écran placé au dos de l’écran principal et destiné à faciliter la communication face-à-face.

Les avantages de ces appareils “tout-en-un” sont leur relative simplicité d’installation puisque tout est pré-configuré, leur polyvalence car ils sont capables d’adresser une large palette de besoins, leur robustesse qui en fait la solution idéale pour un usage en mobilité en intérieur et en extérieur.

Leur principal point faible : leurs caractéristiques techniques sont parfois en deçà des standards du marché, ce qui peut être pénalisant pour un usage en situation professionnelle.

Les systèmes sont cités par ordre alphabétique.

Le kit LUMIN-i de ThinkSmartBox

Le Lumin-i est un système "Tout-en-un" équipé du logiciel de communication Grid 3 et du système de poursuite oculaire de SmartEye.

Les TD I-13 ou I-16 de Tobii Dynavox (Fiche Technique )

Fabriqué par l'entreprise suédoise Tobii Dynavox, deux modèles de i-série existent proposant un écran de 13 ou de 16 pouces.

Le TD Pilot de Tobii Dynavox (Fiche Technique )

Également fabriqué par l'entreprise Tobii Dynavox, le TD Pilot est un système basé sur un iPad de dernière génération. Il est équipé des applications iPadOS de communication développées par Tobii Dynavox : TD Talk et TD Snap.

Le Tellus i6 de Jabbla

Le Tellus i6 est un système tout en un équipé du logiciel de communication MindExpress et du système de poursuite oculaire de Tobii.

Les systèmes autonomes

On appelle système autonome, un système de poursuite oculaire isolé que l’utilisateur ou son aidant branche sur un ordinateur ou une tablette.

Les avantages de cette approche : l’utilisateur est libre d’utiliser le matériel de son choix, matériel existant ou neuf, et peut conserver facilement son accès par commande oculaire lorsqu’il change de machine ; le coût d’acquisition est sensiblement plus faible que pour une configuration “tout-en-un”.

Les points faibles : l’installation nécessite un minimum de compétences techniques ; il est recommandé d’installer ce type de commande oculaire sur un poste fixe ; il faut également le budget pour l’acquisition et du temps pour l’installation et la configuration d’applications optimisées pour la commande oculaire.

Les systèmes sont cités par ordre alphabétique.

Le Hiru de Irisbond (Fiche Technique)

Fabriqué par la société espagnole Irisbond, cette solution se démarque par son utilisation possible sur différentes plateformes : il s'installe indifféremment sur les systèmes Windows et iPad. Il s'agit d'un dispositif médical.

Le PC Eye 5 de Tobii Dynavox (Fiche Technique)

Le système autonome proposé par Tobii Dynavox, est un dispositif médical. Il s’installe sur les PC équipés de Windows, il est livré avec les pilotes nécessaires et le logiciel Windows Control qui permet d’accéder facilement aux fonctions de souris.

Le Tobii Eye Tracker 5 de Tobii Gaming

Il s'agit d'une poursuite oculaire initialement dédiée aux jeux vidéo. Attention, les conditions générales d'utilisation de ce produit destiné au jeu en interdisent l'usage pour la compensation. Cependant c'est une solution peu chère qui nécessite néanmoins pour son installation et son utilisation sous Windows, une certaine expertise.

Les kits ou systèmes hybrides

Certains fabricants et distributeurs proposent des configurations “clé en main” comprenant un ordinateur, une poursuite oculaire, un logiciel dédié et un système de fixation.

Ces configurations sont bien souvent proposées à des tarifs avantageux par rapport aux solutions “tout-en-un”. Cependant, elles ne proposent pas les mêmes garanties de solidité. La fixation sur fauteuil de ces kits est fortement déconseillée.

Les systèmes sont cités par ordre alphabétique.

Le Eye Confort de Cenomy

Assemblé par Cenomy, il est composé d’une tablette Windows, du PC Eye 5 de Tobii Dynavox, du logiciel Grid 3 de SmartBox, d’un module infra rouge pour le contrôle d’environnement et d’un support à roulettes pour un usage sur table, au lit et au fauteuil roulant.

Le Eye Connect de Cenomy

Assemblé par Cenomy, il est composé d’une tablette tactile Surface Pro Windows, du PC Eye 5, du logiciel de communication, TD Snap ou Grid 3, et d'un support à roulettes REHADAPT.

Le Eye Mobile 5 de TobiiDynavox

Assemblée en France par Cenomy, il s’agit d’une station d’accueil sur table permettant d’accueillir un PC Eye 5 et les logiciels Computer Control et Gaze Viewer (des logiciels de communication peuvent être ajoutés). Ce système a vocation a être utilisé de manière fixe (sur table), préférentiellement pour des personnes qui souhaitent utiliser Windows de manière usuelle.

Le JIB Eye de JIB

Ce modèle est proposé par l’entreprise JIB en partenariat avec Irisbond. Il est équipé d’une coque de protection résistante, le logiciel de communication Mind Express et du Hiru installés sur une tablette Windows.

Bibliographie

Cenomy. « Boutique de vente en ligne d’équipements et services pour l’autonomie des Handicapés ». Consulté le 12 septembre 2023. https://cenomy.shop/

DANIGO Thierry, CHOLLET Cyril, « FT RNT 03 126 : Guide d’utilisation de la commande oculaire Tobii » fiche technique RNT, 2015

« Global leader in eye tracking for over 20 years – Tobii ». Consulté le 12 septembre 2023. https://www.tobii.com

InterAACtionGaze. « InterAACtionGaze ». Consulté le 12 septembre 2023. https://interaactiongroup.github.io/interaactionGaze/

Irisbond. « IRISBOND | Eye-tracking interactivo ». Consulté le 12 septembre 2023. https://www.irisbond.com

MAZUE, Lucie. « compréhension orale, la Brief Evaluation of Receptive Aphasia (BERA), chez des patients en état de conscience minimale et émergeant de cet état », s. d.

Sous la direction de POUPLIN Samuel, « État de l’art des différents systèmes de pointages à l’œil », dernière mise à jour : juillet 2020. http://www.handicap.org/wp-content/uploads/2020/09/Etat-de-lart-des-differents-systemes-de-pointages-a-loeil-2020.pdf

Smart Eye. « Home ». Consulté le 12 septembre 2023. https://smarteye.se

« Tobii Dynavox FR: Aides techniques pour la communication ». Consulté le 12 septembre 2023. https://fr.tobiidynavox.com

« Tobii Gaming | The Next Generation of Head and Eye Tracking ». Consulté le 12 septembre 2023. https://gaming.tobii.com